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Accueil / COMPRENDRE l'éco-rénovation / Notre patrimoine / Maison de la reconstruction

Maison de la reconstruction

Malgré le contexte difficile, cette période de la seconde Reconstruction va permettre de réinventer de nouveaux modèles. C’est une modernisation de la société qui se met en marche, par son urbanisme, son habitat, son économie notamment rurale et agricole.

Évolution historique

Le 2 août 1940, le territoire des Vosges du Nord, à cheval sur la Moselle et le Bas-Rhin, cesse d’être un territoire français et devient une province d’origine allemande. Une partie de la population est dans un premier temps évacuée puis rappelée pour être germanisée et nazifiée.
À l’épreuve de ces multiples traumatismes se rajoute une libération lente, entre septembre 1944 et mars 1945, suivie d’une reconstruction difficile en raison des dégâts matériels et des pertes démographiques catastrophiques, qui se poursuivra jusque dans les années 1960. Par exemple, le territoire de Sarreguemines à Bitche, qui n’est libéré que le 13 mars 1945, voit 90 % de
ses bâtiments détruits à plus de la moitié. Les communes rurales, et plus particulièrement les bâtiments agricoles, sont les plus touchés.

L’organisation de la Reconstruction

En novembre 1944, le gouvernement provisoire crée le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) et la loi du 28 octobre 1946 reconnaît aux sinistrés le droit à réparation intégrale. L’État finance et contrôle la Reconstruction. L’évaluation des indemnités de dommage de guerre est calculée sur la base des plans des bâtiments détruits réalisés par les architectes d’opération. De ce montant seront déduits, la vétusté, un coefficient géographique, des taxes, les matériaux récupérables et le recours aux constructions provisoires. C’est la première fois qu’on pense en terme de développement urbain général en milieu rural. On planifie la reconstruction sous l’égide d’urbanistes et d’architectes agréés par le MRU. L’objectif est double : repenser les ensembles urbains (suppression de bâtiments, rues élargies, îlots mieux aérés et éclairés) ; construire des logements salubres et fonctionnels (eau courante, électricité, sanitaires...).Chaque département est doté d’une délégation départementale du MRU, qui approuve les plans de reconstruction et d’aménagement (PRA) et gère administrativement les opérations de reconstruction.

Reconstruction du village d’Epping

Dans chaque commune sinistrée, les architectes agréés par le MRU proposent des plans de reconstruction et d’aménagement. Ceux-ci définissent les zones d’implantation des édifices publics, des équipements sportifs, des quartiers à lotir, des zones à vocation industrielle et des modifications de voirie.

C’est l’occasion de repenser l’organisation et l’aménagement des espaces urbains, en vue d’assurer le bien-être des habitants et d’améliorer les rapports sociaux. Les réalités complexes du terrain et les aspects humains sont pris en compte.

Plan de reconstruction et d’aménagement d’Epping

À Epping, certaines familles vont rentrer dès le mois d’avril 1945. Sur 99 maisons, 93 sont détruites. Les premières constructions neuves ne sortiront de terre que vers 1952 (réalisation du premier îlot dont la mairie-école). En matière de voirie, la grande opération consiste à dévier et élargir la départementale 101 (en pointillé sur le plan). La période de reconstruction s’est étendue sur une vingtaine d’années. Le dernier dommage de guerre a été accordé en 1963. Plusieurs familles vivaient encore dans des habitations provisoires. On retrouve à Epping le principe d’aménagement urbain appliqué dans la Reconstruction. Il s’agit de retrouver l’apparence ancienne des bourgs tout en s’efforçant de :
- reconstituer des alignements de maison dans les villages
- procéder au remembrement parcellaire
- aérer le tissu urbain ancien...

L’organisation spatiale

Des reconstructions pensées et dessinées par des architectes

Les hommes de l’art interviennent pour la première fois dans le domaine de la construction rurale, édifices sans architecte jusqu’alors.

Ils ne cherchent pas à faire œuvre mais plutôt à concevoir des espaces riches de réflexions sociales et économiques.

Ces architectes, dits régionalistes, ont de fortes attaches locales. Ils s’attellent à repenser et organiser plus rationnellement tout en conservant une identité locale forte. Cela se traduit par : la conservation de la volumétrie des constructions ; l’utilisation de matériaux locaux ; la composition de façades simples avec reprise des ouvertures ; le maintien des formes de toit ; un mode de décoration limité mais pas absent. Ils s’appuient sur la Charte de l’architecte reconstructeur qui promeut notamment le régionalisme sans pastiches : la modernité, la salubrité et l’hygiène, l’amélioration des conditions de vie, de confort, tout en respectant l’harmonie des paysages.

L’implantation sur la parcelle

Les plans sont étudiés en fonction des gestes et des habitudes quotidiennes des habitants :
- dissociation des accès et des cheminements : accès à la maison d’habitation et aux espaces de travail, potager, jardin d’agrément, dépendances...
- adaptation de la grange à l’arrivée de la mécanisation dans le milieu agricole (tracteurs, machines, déchargement de fourrage...)
- suppression de la mitoyenneté en séparant les bâtiments : protection contre les incendies.

Séquence d’entrée

Les entrées sont un élément majeur de la composition. Mise en valeur par un encadrement spécifique et un traitement en creux,
créant un espace de transition entre l’espace privé et public. Elles sont surélevées par quelques marches et au-dessus se trouvent des auvents casquettés en ciment, en porte-àfaux qui abritent les seuils.

Modénature

La volonté est de purifier de tout pastiche les façades en faisant disparaître les références régionales nostalgiques.
Les jeux de volumes et de matériaux sont privilégiés.

On trouve néanmoins parfois des réminiscences de décors traditionnels : niche de statue, date de construction, réemploi de pierre sculptée.

Une évolution qui s’impose

Jusqu’en 1952
Les fermes sont reconstruites sur le plan traditionnel du bâtiment rectangulaire couvert d’un toit à deux  pans, structuré en travées fonctionnelles (habitation, grange, étable et remise) perpendiculaires au faîte du toit. Les surfaces au sol et les élévations restent identiques.

Après 1952 : une nouvelle réflexion sur la Reconstruction rurale
Elle commence en octobre 1952 par le 4e Congrès national de l’habitat rural réuni à Strasbourg. Les conclusions insistent sur la nécessité de traiter séparément habitation et exploitation, tant sur le plan des dimensions que des matériaux, afin de mieux les adapter aux besoins des agriculteurs. La partie exploitation doit être construite comme un bâtiment industriel pour en réduire le coût et augmenter sa polyvalence. Les recommandations préconisent qu’il soit équipé au mieux afin de pallier le manque de main-d’œuvre agricole.

Organisation de l’habitation : hygiène et confort

Les innovations touchent principalement le confort et à l’hygiène. La hauteur sous plafond est de 2,50 m minimum.
La surface des baies est réglementée au 1/10e de la surface au sol de la pièce.
De nouveaux espaces apparaissent : la buanderie, les WC, la salle d’eau, le cellier...
La cuisine est séparée de la salle à manger, avec parfois un salon.

LA FAÇADE

De composition simple et ordonnée, les ouvertures s’alignent et se hiérarchisent de la cave au grenier comme avant-guerre. C’est l’usage et la fonction des espaces qui dictent la taille et le nombre d’ouverture.

 

Le rez-de-chaussée ou le soubassement marque le socle. Il est affirmé par un bandeau en saillie ou par un jeu de matériaux (pierre de taille, enduit) et couleurs différentes de celles des étages.

 

Les ouvertures

Les ouvertures ont un rôle dans la composition de la façade, elles sont de grandes dimensions afin de laisser pénétrer la lumière. De nouvelles formes de baies apparaissent, carrées, en fentes verticales ou s’étirant en bandeau horizontal.
Elles peuvent être jumelées ou triplées, réunies par un linteau ou une tablette pour accentuer la dynamique horizontale et donner un aspect moderne.Ces fenêtres sont équipées de volets roulants inclinables en bois qui remplacent les volets battants traditionnels.Les fenêtres comprennent un appui assez fin en ciment moulé en relief. Cet élément préfabriqué est systématiquement pourvu de tablette débordante avec goutte d’eau. Certains appuis filent le long de la façade pour relier plusieurs ouvertures, formant un bandeau séparant les niveaux. Les portes sont en bois avec des carreaux de verre armé qui forment des motifs géométriques.

Matériaux

La Seconde Reconstruction n’apporte pas de nouveaux matériaux mais permet la diffusion de nouvelles techniques, la plus novatrice étant vraisemblablement la dalle sur hourdis (blocs alvéolés de béton ou de terre cuite) portés par des poutrelles de béton armé précontraintes. Les « agglos », parpaings de béton préfabriqués, sont
disponibles, mais leur emploi reste limité au mur de refend. Pour les murs extérieurs, on préfère réemployer un maximum de moellons de pierre provenant des ruines, car disponibles à volonté et surtout gratuits.

 

Architectes et artisans tentent de standardiser certains éléments comme les encadrements d’ouvertures. Mais il n’y a
pas de réelle industrialisation du bâtiment, malgré la volonté de préfabrication, le gros œuvre est réalisé de manière traditionnelle.

 

                                                           

Tablettes, bandeaux, enca-
drements de ciment moulé,
en saillie, sont laissés bruts
ou peints en blanc.

Les moellons grossièrement
équarris appareillés avec des
joints saillants se retrouvent
en soubassement ou sur les
murs de clôture.
La pierre de taille ou son imitation en béton est utilisée en
tant qu’élément enrichissant la façade (texture, couleur,…).
Lorsque la pierre de taille est récupérable sur place, elle est
mise en œuvre comme ancrage de la tradition (soubassement,
chaînage d’angle...).

Zoom sur ...

Niche votive intégrée à la façade

Les habitations provisoires

Entre 1945 et 1950, la priorité est la reconstruction d’urgence. Il faut assurer un toit aux sinistrés, déblayer les gravats et effacer les blessures et les ruines de guerre en attendant la construction des maisons définitives.

Sans matériel et sans personnel spécialisé, la solution provisoire se trouve dans la construction rapide de baraques en bois érigées à proximité des bâtiments détruits ou regroupées sous forme de lotissement. Au vu des dégâts, forêts saccagées, scieries détruites, il a fallu faire appel à l’aide extérieure. Ainsi les secours vinrent de Suisse, des États-Unis, de Scandinavie….

Ces baraques provisoires en bois, accueillent des habitations mais aussi des locaux d’exploitations agricoles, des églises, des salles communes. Cet état provisoire pourra durer de 10 à 20 ans.

Le logement ne comporte pas d’étage, les pièces sont de plain-pied. Cette construction est en principe démontable ou transportable et peut servir d’abri mobile. La construction fixe peut être faite sur un soubassement.

Ce sont des « bâtiments préfabriqués » de structure plus légère que les structures maçonnées.

Le principe constructif comprend des panneaux préfabriqués en bois boulonnés les uns aux autres.

Ces panneaux ont une structure en bois avec un papier goudronné vers l’extérieur, une lame d’air et un pare vapeur en papier kraft à l’intérieur. Un bardage bois assure la protection extérieure et la finition intérieure.

Des variantes de bâtiments de la Reconstruction

Lichtenberg (habitat et exploitation agricole)

L’opération Nordwind (Vent du Nord) était une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht sur le front de l’Ouest durant la Seconde Guerre mondiale. Elle eut lieu du 31 décembre 1944 au 25 janvier 1945 en Alsace du Nord et en Lorraine.

Les batailles ont entraîné des démolitions dans plusieurs communes du territoire Nord/Ouest du Parc des Vosges du Nord. On distingue ainsi des patrimoines bâtis de reconstruction sur toute cette frange géographique.Par exemple, au centre de Lichtenberg, on peut observer une série de bâtiments de la Reconstruction organisée autour d’une place publique. Cette place résulte de l’explosion d’un dépôt de munitions.

C’est un urbanisme et une architecture réfléchis où l’on retrouve les principes de la seconde Reconstruction : création d’espace public à la place d’un tissu ancien dense, des constructions inspirées du modèle de la maison bloc et l’emploi de la pierre de taille en grès pour marquer un socle important.

Ormersviller (habitat et commerce)

Le village est presque entièrement détruit dans les dernières semaines de 1944 et les premiers mois de 1945. Le patrimoine de reconstruction est important, une place publique est créée autour de l’église remplaçant d’anciens bâtiments. Des maisons blocs sont reconstruites, implantées en alignement et en retrait par rapport à la rue. On retrouve ainsi l’espace de l’usoir.

Une majorité de reconstructions accueillent l’habitat et l’activité agricole, mais on voit aussi apparaître des conceptions comprenant de nouveaux usages (commerce, atelier, garage automobile...).

Par exemple, à Ormersviller, un commerce est intégré à la maison d’habitation et se distingue par la dimension et la forme inhabituelle des baies vitrées qui composent sa devanture. C’est une vitrine dessinée dans un style « moderne » comprenant des ouvertures en bandeaux encadrées par un linteau et des montants en saillie.

Epping (édifice cultuel)

L’église paroissiale d’Epping était dédiée à saint Donat. Elle fut construite en 1736, à la requête des habitants du village, à cause du trop grand éloignement de l’église Saint-Pierre de Volmunster, où les habitants devaient se rendre chaque dimanche et fête d’obligation. Il se peut également que cette chapelle de 1736 remplaçât un édifice plus ancien : en effet, les importants ravages causés par la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans toute la région n’ont que très rarement épargné les édifices catholiques de nos localités. Devenu trop petit, l’édifice fut remplacé en 1839 par une nouvelle église, plus spacieuse.

Les combats et les bombardements violents de décembre 1944 à février 1945 ayant complètement détruit le village et l’église paroissiale, celleci est seulement reconstruite à partir de 1957, sur les plans de Roger Sarrailh, architecte à Bitche, travaillant avec  la Coopérative de reconstruction des églises de la Moselle, lors de la reconstruction de la région.

Il s’agit d’un édifice en calcaire et pierre de taille, à vaisseau unique de plan allongé. Le toit à deux pans est recouvert de tuiles mécaniques. La première pierre du nouvel édifice est posée en 1957 et l’église est consacrée le 19 mai 1960, par Monseigneur Paul-Joseph Schmitt, évêque de Metz.

Les églises de la seconde Reconstruction présentent une esthétique sobre et un espace très simple. Le clocher est souvent dissocié du bâtiment principal mais intégré à la séquence d’entrée comprenant un parvis et un auvent.

 

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On parle beaucoup  de la rénovation thermique en France. C'est un des enjeux d'avenir pour retrouver une indépendance énergétique et développer des emplois. Eco-rénover pour économiser. "J'éco-rénove,  j'économise ! " L'éco-rénovation c'est isoler son logement, pour consommer moins d'énergie. Mais éco-rénover c'est beaucoup plus, quand on parle de bâti ancien ! Qu'en est-il réellement ?